Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 20:24

libre_300x0.jpglogo ldh-copie-1 

 

 

 

 

 monument.jpg

Source : http://groupelabarre.org/

 

 

Le dimanche 1er juillet, l'association abbevilloise Le Groupe La Barre, la Libre Pensée et la Ligue des Droits de l'Homme et du citoyen (LDH) seront rassemblées pour la commémoration du martyre du Chevalier La Barre.

 

Le rendez-vous est fixé à 10h00, au monument La Barre d'Abbeville bordant le canal de la Somme, près de la gare.

 

Pour en savoir plus : (re)lire les initiatives des années précédentes dans la catégorie « Laïcité » et/ou accéder au site de la Fédération Nationale de la Libre Pensée dédiée à cette manifestation en cliquant ici

 

 

 

Partager cet article
Repost0
7 juin 2012 4 07 /06 /juin /2012 19:40

     

Logo_LDH-copie-1.jpg

Lors de son 84e congrès à Saint-Denis en juin 2007, la LDH a adopté la résolution suivante : « Laïcité : résolution sur le statut d’Alsace-Moselle ».
La LDH considère que l’analyse et les propositions faites gardent toute leur validité et qu’il ne convient pas d’en modifier les termes. Ainsi, la LDH souhaite la "l
aïcité en Alsace et en Moselle aussi !" 

Pour consulter la résolution,voir ci-après (ou cliquez ici puis sur « la résolution »).

 

 laicite-copie-1.jpg

 

 

     

Congrès LDH 2007 - Laïcité : résolution sur le statut d’Alsace-Moselle

Adoptée lors du 84e congrès - avril 2007

 

Les Alsaciens et les Mosellans attendent toujours l’application des principes et des règles de la laïcité républicaine dans leurs trois départements.

2003 : le rapport Stasi sur la laïcité faisait de timides propositions, pour engager un processus de laïcisation de l’enseignement dans nos écoles publiques ; nous attendons toujours leur mise en oeuvre.

2005 fut l’année de la commémoration du centenaire de la loi de séparation des églises et de l’Etat : 89 ans après leur retour à la France, et ces départements d’Alsace Moselle attendent toujours son application.

2006 : le Président de la République, lors de son passage à Metz, recevait les déclarations des organisations laïques pour qu’il mette en conformité le discours avec les pratiques. Ses réponses sont toujours attendues.

La LDH ne se résout pas à ce que l’Alsace et la Moselle restent orphelines de la laïcité. La séparation de toutes les religions et de l’Etat, la liberté de conscience et d’exercice de tous les cultes, sont les principes intangibles du socle commun de la laïcité, qui ne doivent souffrir aucune exception sur l’ensemble du territoire français.

Dans l’attente de l’abrogation prochaine de ce qui reste d’un concordat archaïque et obsolète, sans remettre en cause les avancées sociales d’un droit civil local, la Ligue des droits de l’Homme demande :

  la suppression du délit de blasphème inscrit dans un droit pénal « local », rédigé en allemand et qui ne s’applique que sur le territoire des trois départements « concordataires ».

la codification du statut scolaire, comme exigé par la circulaire Juppé du 30 mai 1996, afin que celui-ci soit enfin accessible aux usagers et que ses dispositions, de valeur législative, soient intégrées dans le code de l’éducation.

l’information claire des parents d’élèves sur le caractère non obligatoire de l’enseignement religieux dans les écoles d’Alsace et de Moselle, et le remplacement de la « dispense » par un choix facultatif, conformément aux recommandations de la commission Stasi.

la sortie du système de financement des ministres des cultes par les fonds publics.

Seule la laïcité républicaine, appliquée à tous et pour tous, ici et dans l’ensemble de notre pays, permet de faire « vivre ensemble » la diversité et le pluralisme d’une démocratie dont les principes sont issus de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, inscrite dans le préambule de notre Constitution.

Résolution adoptée par 229 pour, 11 contre, 11 abstentions.

Partager cet article
Repost0
2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 14:09

 

 images.jpg

 

 

Manifeste des associations et organisations laïques

Les faux débats lancés sur l’Islam et la Laïcité sont lourds de menaces dès lors qu’ils instrumentalisent des peurs et stigmatisent des citoyens.

Il n’y a pas de débat à ouvrir sur l’Islam ou sur d’autres religions. La République n’a pas à juger du contenu des croyances. L’Etat a mission de faire appliquer la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat, le principe d’égalité des droits, et non d’encourager le communautarisme.

 

Les manquements graves aux principes de Laïcité, à l’origine des atteintes à la citoyenneté républicaine, sont la conséquence des compromissions, des transgressions qui se sont succédées depuis de longues années, et des atteintes aux droits économiques et sociaux. Les partis républicains doivent prendre leurs responsabilités.

 

Il n’y a pas de faux débats à ouvrir sur la Laïcité, mais à faire appliquer la loi de 1905, toute la loi de 1905, rien que la loi de 1905.

 

Paris, le 31 mars 2011

 

Signataires : Arab Women’s Solidarity, Association France, Association EGALE, Association Laïcité-Liberté, Association Le Chevalier de la Barre, Association Libres MarianneS, Association des Libres Penseurs de France, Centre d’Action Européenne Démocratique et Laïque, Comité Laïcité République, Comité Valmy, Conseil National des Associations Familiales Laïques, Fédération française de l’Ordre Mixte International « Le Droit Humain », Fédération Nationale de la Libre Pensée, Grand Orient de France, Grande Loge Féminine de France, Grande Loge Féminine de Memphis Misraïm, Grande Loge Mixte de France, Grande Loge Mixte Universelle, Les Comités 1905, Ligue des Droits de l’Homme, Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme, Loge Nationale Française, Observatoire International de la Laïcité Contre les Dérives Communautaires, Regards de Femmes, Solidarité Laïque, SOS Racisme, Union des Familles Laïques.

 

Source : http://www.ldh-france.org/Laicite-pas-de-faux-debats-rien,3532

 

Partager cet article
Repost0
9 décembre 2010 4 09 /12 /décembre /2010 06:46

laicite2

 

 

 

La LDH de la Somme a écrit aux élus du département* (Maires de grandes villes, Présidents du Département, de la Région, députés et sénateurs) afin de rappeler l'importance - accentuée depuis quelques années - qu'il y a à défendre le principe de laicité, fondement de notre République. Elle a également diffusé un communiqué de presse en ce sens :

 

 

COMMUNIQUE  DE  PRESSE

 

 

Amiens, le 09 décembre 2010
LAICITE : un principe intangible à réaffirmer !

La LDH de la Somme interpelle les élus du département, en ce jour anniversaire de séparation des Eglises et de l’Etat (9 décembre 1905), pour réaffirmer le principe de Laïcité qu’elle juge menacé

  

La Ligue des Droits de l’Homme et du citoyen (LDH), attache une grande importance à la Laïcité, principe fondamental du vivre ensemble et pilier de la République. Dans l’Histoire, La LDH a toujours été en première ligne pour défendre ce principe intangible qui fut un de ses combats permanents. Ferdinand Buisson, à l’origine de la Loi de séparation des églises et de l’Etat de 1905, était Président de la LDH. Plus récemment, notre association a pris position contre la loi Carle qui oblige les communes à financer la scolarisation d’élèves dans le secteur privé, de même qu’elle a déposé un recours devant le Conseil d’Etat, avec la Ligue de l’Enseignement, contre l’accord signé entre la France et le Saint-Siège sur « la reconnaissance des grades et diplômes dans l’enseignement supérieur » ; accord privilégiant une option spirituelle et mettant fin au monopole de l’Etat pour la collation des grades dans l’enseignement. Le principe de Laïcité ne cesse ainsi d'être remis en question, depuis quelques années par ceux-la même qui devraient en être les garants !

  

Parce que ce principe est aujourd’hui menacé, en cette date anniversaire de la Loi de 1905 et dans le département où fut exécuté Jean-François Lefebvre de La Barre, victime de l’intolérance religieuse, la LDH a interpellé les grands élus du département (députés, sénateurs, présidents des collectivités territoriales, maire d’Amiens) pour leur rappeler combien la laïcité est une valeur républicaine essentielle, permettant la recherche des conditions dans lesquelles peuvent vivre ensemble pacifiquement des populations et des individus aux racines et aux convictions diverses, permettant la transmission humaniste d’un destin commun. Elle tient à rappeler également que la laïcité n'est pas une religion, n'est pas une croyance, ne cherche pas à imposer un dogme qui se substituerait à tous les autres… et ne nécessite aucun qualificatif. Plus que jamais, la Laïcité a besoin d’être défendue concrètement, ce qui implique de refuser que l’argent public finance des structures à caractère confessionnel, et que les représentants de l’État affichent publiquement leurs convictions religieuses.

 

Le Président,

 

Vincent BAWEDIN

 

 

 

  * Vous pouvez lire la lettre envoyée aux élus en cliquant sur : http://dl.free.fr/hMnRXIgja

 

 

Partager cet article
Repost0
1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 20:07


Le rassemblement de ce soir a permis à une soixantaine de personnes de se retrouver, dont le Maire d'Abbeville, le député et le Conseiller Général d'Abbeville sud.

Ci dessous, le texte prononcé par Gilles Larivière, Président de la section abbevilloise de la LDH :

RASSEMBLEMENT À LA MÉMOIRE DU CHEVALIER LA BARRE (
1er JUILLET 2009)

 

 

Nous sommes aujourd'hui une nouvelle fois rassemblés pour un hommage à la mémoire du chevalier la Barre à l'appel Ligue des Droits de l’Homme, du Parti Communiste Français, du Parti Socialiste, du Parti Radical de Gauche - Cercle Pierre Mendès-France, du Nouveau Parti Anticapitaliste et des structures locales de la FSU, de l’UNSA, de la CGT, de la CFDT et de la FCPE.

 

Je remercie les organismes qui appellent à la manifestation de ce soir pour la confiance qu'ils ont à nouveau accordée à la Ligue des Droits de l'Homme en lui confiant le soin de porter la parole commune.

 

Jean-François Lefebvre de la Barre fut victime de l'intolérance religieuse et sociale d'une France dont la monarchie, fondée sur l'alliance avec l'Église catholique, vacillait déjà sous l'effet du développement de la pensée des "lumières" : on sait que Voltaire a tenté de défendre la Barre et que son Dictionnaire philosophique  a été brûlé en même temps que la dépouille du Chevalier ; la Barre fut aussi victime d'une machine politico-juridique affolée par les remises en question dont elle était l'objet ; son exécution à grand spectacle devait aussi détourner le regard du peuple qui commençait parfois à entrevoir la possibilité d'une autre organisation politique et sociale.

L'anniversaire de son exécution, le 1er juillet 1766, est chaque année pour nous l'occasion de redire publiquement notre attachement au principe de laïcité et à la défense des libertés publiques.

 

Le principe de laïcité de l'État ne cesse d'être remis en question et très souvent depuis quelques années par ceux qui devraient en être les garants.

Je mentionnerai d'abord des faits qui pourraient paraître anecdotiques mais qui semblent très révélateurs d'un état d'esprit inquiétant. Après la récente catastrophe aérienne du vol Rio-Paris, le ministre des transports venu confirmer le drame aux familles des passagers leur affirma qu'ils n'avaient plus qu'à prier … ce que fit quelques jours après le président de la République au cours d'une cérémonie en hommage aux victimes à laquelle il assistait es-qualité à Notre Dame de Paris. Aux quelques protestataires, il a été répondu que des cérémonies avaient aussi été organisées dans une synagogue et dans une mosquée. Devons-nous en conclure que les athées, les agnostiques ou ceux qui appartiennent à d'autres religions n'ont pas droit à la considération de la République ? Faudrait-il afficher une appartenance religieuse pour avoir le droit de cité ?

Dans le domaine de l'enseignement, le décret du 16 avril 2009 entérine l'accord du 18 décembre 2008 sur la reconnaissance des grades et diplômes de l'enseignement supérieur délivrés par les établissements dépendant de la Congrégation pour l'éducation catholique, c'est à dire du Vatican. Cet accord porte bien évidemment atteinte au principe de laïcité, et de deux manières puisqu'il va à l'encontre du monopole de l'État, seul garant de neutralité en matière de diplômes, mais il introduit également une discrimination entre les religions, puisqu'il n'en concerne qu'une seule ! En outre, sa procédure de mise en œuvre par décret est contraire aux dispositions de la Constitution qui prévoit que seule une loi peut modifier une loi antérieure, ce qui aurait dû être le cas ici. C'est pour ces raisons que la Ligue des Droits de l'Homme et la Ligue de l'Enseignement ont déposé un recours auprès du Conseil d'État contre cet accord. Le député de l'Aisne Jacques Desallangre a initié un combat dans le même sens au sein du Parlement. Voilà une bataille que les défenseurs de la laïcité semblent en mesure de gagner car leurs arguments sont nombreux et fondés !

 

Le 85ème Congrès de la LDH réuni il y a exactement un mois au Creusot avait choisi pour thème principal : "société de surveillance, vie privée et liberté". Le sujet est en effet particulièrement préoccupant, tant les progrès des technologies de l'information ont accru démesurément les moyens techniques du contrôle social.

La vidéosurveillance, qui place chaque citoyen en situation de suspect permanent, est en plein développement en France, les maires des villes sont soumis aux pressions conjointes du gouvernement et des fabricants de matériel pour installer des dispositifs sur la voie publique ; 2 à 3 millions de caméras seraient installées dans notre pays alors que leur efficacité dans la lutte contre la délinquance est sérieusement mise en doute : aux États-Unis, en 2002, certaines grandes villes constataient que la vidéosurveillance s’avérait moins efficace que ce que les autorités fédérales pensaient initialement. C’est ainsi que des villes telles qu’Atlantic City, Miami ou Mount Vernon ont purement et simplement abandonné l’usage systématique de caméras vidéo. En Grande Bretagne, le constat est sensiblement identique, même si le maintien du dispositif demeure encore important dans ce pays. Un rapport de septembre 2006 de l’équivalent de la Cnil est éloquent : outre le fait de rappeler le budget consacré à la mise en place de ces caméras au cours des dix dernières années, il rappelle que l’étude du ministère de l’Intérieur a prouvé que les projets de caméras de vidéosurveillance qui ont été évalués avaient en général peu d’impact sur les niveaux de criminalité.

Le fichage,  traditionnel outil du contrôle social depuis le XVIIe siècle, a vu accroître ses potentialités de manière considérable avec les capacités nouvelles de stockage et d'interconnexion offertes par l'informatique. Le STIC (système de traitement des infractions constatées), est une méga-base de donnée interconnectant les fichiers policiers et répertoriant toute personne ayant été concernée par une procédure judiciaire (crimes, délits et contraventions diverses et variées), il mêle coupables, suspects innocentés, victimes et simples témoins et contiendrait 33 millions de fiches ! D'après la CNIL et de l'aveu même des responsables, sa mise à jour n'est que très rarement effectuée et il comporterait des erreurs nombreuses ! L'action militante a fait reculer le pouvoir dans le cas du fichier "Base élèves" : les données les plus controversées ont été abandonnées. Le fichier EDVIGE, relatif à la sécurité, qui devait recenser entre autres les personnes "susceptibles de troubler l'ordre public" a été abandonné sous la pression militante, mais il a été remplacé par un autre projet, EDVIRSP, à peu près équivalent ! Seule une action citoyenne forte et des instances de contrôle aux pouvoirs renforcés semblent capable de défendre les libertés publiques face à des entreprises potentiellement aussi dangereuses.

Je ne m'attarderai pas aujourd'hui sur d'autres technologies émergeantes dont on ne fait encore qu'envisager l'utilisation massive et qui alimentent nos craintes en raison de leur potentiel liberticide. Je pense aux techniques de la biométrie déjà largement à l'œuvre avec le relevé des empreintes ADN mais appelées à se développer avec la "biométrisation" des documents d'identité. Les puces RFID remplaceront bientôt les codes-barres sur les marchandises et permettront un traçage du consommateur bien au-delà de la caisse des magasins. Je pense également aux nanotechnologie qui permettront de "marquer" de manière invisible et incontrôlable les objets comme les individus.

Il ne s'agit pas pour nous de rejeter les progrès des techniques, mais de réfléchir à leur utilisation et d'imposer un contrôle citoyen pour éviter un emploi liberticide.

 

La tâche est ardue dans le contexte actuel dominé par l'idéologie sécuritaire. Le fantasme du "risque zéro" en matière de sécurité et la nécessité de lutter contre le terrorisme ont transformé un légitime devoir de l'État d'assurer la sécurité des citoyens en une véritable frénésie sécuritaire qui, faute d'atteindre les objectifs qu'elle prétend viser, porte gravement atteinte aux libertés publiques.

Vous avez sans doute à l'esprit la mésaventure de cet abbevillois, relatée par la presse locale et nationale, qui, pour avoir reçu un SMS suspect (en fait une plaisanterie d'un camarade), a été gardé à vue pendant 24 heures. Cet épisode  navrant met en lumière deux aspects de l'État sécuritaire contre lequel nous nous insurgeons : le champ de la vie privée se réduit de manière insidieuse dans notre pays. Outre la multiplication des caméras de surveillance et la prolifération des fichiers, le développement de la téléphonie mobile et de l'Internet permettent de surveiller l'ensemble des citoyens à leur insu. Comment comprendre que l'on ait pu violer le secret de la correspondance pour porter le contenu d'un SMS à la connaissance du parquet ? La notion de "devoir de délation" a-t-elle à ce point pénétré les esprits ? La réaction policière suscite également des questions. N'a-t-on pas largement dépassé ce qui est nécessaire à une légitime assurance de sécurité ? Fallait-il faire subir 24 heures d'humiliation à un citoyen qui n'avait rien à se reprocher pour établir qu'il s'agissait bien d'une plaisanterie ? Ne s'agit-il pas plutôt ici d'intimidation destinée à accréditer l'idée que tous nos concitoyens sont des suspects potentiels et que tous les suspects sont, en fin de compte, un peu coupables ?

La procureure de la République d'Auch a brillamment confirmé cette hypothèse : interrogée sur l'intervention musclée de 16 gendarmes avec 2 maîtres-chiens dans une classe de collège fin 2008, elle a répondu que "ça crée une bonne insécurité" ! Une "bonne insécurité", voilà le maître mot et la clef pour comprendre l'attitude de la police et de la justice !

Les enfants ne sont pas épargnés : l'opération mentionnée à l'instant semble faire partie des usages dans le Gers : la FCPE locale ne recensait pas moins de 23 interventions de ce type en 2008 ! Ailleurs, il a fallu six policiers avec deux voitures pour arrêter à l'insu de leurs parents et de leurs enseignants deux dangereux individus de 6 et 10 ans suspectés d'avoir dérobé un vélo !

N'oublions pas que l'on avait naguère, en 2006, lancé l'idée de repérer les délinquants potentiels dès l'école maternelle. Là encore, cette velléité a été mise en échec par l'action militante d'un collectif qui a organisé la pétition "pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans".

Il faut dire aussi qu'après avoir supprimé en quelques années des dizaines de milliers de postes dans l'Éducation Nationale, c'est à dire diminué la présence d'adultes proches des élèves et capables de résoudre bien des problèmes, non seulement on intervient dans les classes avec des chiens, mais on propose d'institutionnaliser la présence de la police au sein des établissements et d'installer des portiques de sécurité pour éviter que les élèves introduisent des armes dans les écoles ! Cette logique n'est pas la nôtre !

 

L'État sécuritaire, c'est 18 lois sur la sécurité votées depuis 2001, c'est 116 modifications du code pénal entre le 1er janvier 2002 et le 18 juillet 2008 ! C'est 600 000 citoyens placés en garde à vue en 2008 contre 300 000 en l'an 2000 !

L'introduction de nouvelles lois ou une nouvelle interprétation des anciennes permettent des poursuites inédites.

C'est ainsi que les actions militantes sont de plus en plus visées et assimilées à de la délinquance.

Nous avons tous à l'esprit ces deux exemples largement médiatisés de poursuites contre un citoyen qui avait brandi une pancarte "casse toi pov'con" sur le passage du président de la République ou contre cet autre qui avait crié "Sarkozy je te vois " lors d'un contrôle de police.

Un délit de solidarité a été créé par l’article L622-1 du Code d’Entrée et de Séjour des Étrangers (loi dite CESEDA). Des militants associatifs venant en aide à des étrangers en situation irrégulière subissent au quotidien des intimidations, sont placés en garde à vue et parfois poursuivis. À ce propos, je voudrais citer Christiane Taubira devant l'Assemblée Nationale en avril dernier, elle s'adressait au ministre en ces termes : "Vous avez, en réalité, besoin de cette disposition comme d’un instrument pour faire prévaloir l’arsenal conçu par le Gouvernement pour servir la psychose quantophrénique : du chiffre, du chiffre et encore du chiffre ! Ce faisant, monsieur le ministre, vous réduisez le droit à la force, vous l’encanaillez en y cultivant la perfidie d’une menace mesquine. Vous le fragilisez en y maintenant de l’insécurité. […] Vous malmenez le contrat social, vous égratignez le pacte républicain."

Autre délit de solidarité : le lundi 24 novembre 2008, le tribunal de police de Paris a condamné le DAL à 12.000 euros d'amende pour avoir commis une infraction de 4e catégorie en ayant "embarrassé la voie publique en y laissant des objets", il s'agissait de tentes pour les SDF groupées dans une rue de Paris afin d'attirer l'attention sur les problèmes de logement.

Le tout sécuritaire sert aussi de cadre à une répression accrue de l'action syndicale. Les exemples sont malheureusement très nombreux où des actions revendicatives sont assimilées à des comportements délinquants. Le droit  de grève est de plus en plus encadré et les initiatives syndicales considérées comme abusives. C'est ainsi que Ryanair a porté plainte pour "grève illégale" contre la CGT en juin 2008 ; c'est ainsi qu'en janvier dernier, la SNCF a porté plainte contre des syndicats et des conducteurs de trains pour "exercice abusif du droit de grève".

 

L'État sécuritaire, c'est aussi des prisons surpeuplées et des conditions de détention inhumaines. La France a supprimé la peine capitale et il n'existe pas de torture institutionnelle, mais on subit des sévices et on meurt beaucoup dans nos prisons ! Depuis le 1er janvier dernier, on y dénombre 72 suicides et morts suspectes ! On y meurt aussi de maladie faute de soins suffisants. On y meurt aussi parfois victime de codétenus dont le cas relève plus de la psychiatrie que du régime pénitencier. Je pense à cet homme de 26 ans incarcéré pour infraction au code de la route à la prison de Rouen, égorgé par son codétenu en septembre dernier. Dans son discours récent à Versailles, M. Sarkozy reconnaissait que l'état de nos prisons est "une honte pour la République". Nous partageons en cela tout à fait son point de vue, mais nous regrettons qu'il ne s'interroge pas sur la politique qui a mené à cette situation, car il en est le principal initiateur !

 

La situation des libertés publiques en France est alarmante. Les régressions sont souvent amenées de façon insidieuse et présentées comme des "progrès" par le pouvoir et les médias qui se font les propagateurs de l'idéologie sécuritaire. Le scénario habituel est bien connu : un fait divers monté en épingle est supposé démontrer la nécessité d'une nouvelle loi ou de nouvelles mesures liberticides.

On a cependant constaté dans un passé récent que des initiatives citoyennes peuvent faire reculer le pouvoir. La création de collectifs à l'origine de pétitions nationales et d'interpellation des élus a montré son efficacité. C'est dans ce type d'action que nous plaçons nos espoirs.

Je voudrais mentionner à ce propos une initiative toute récente : un communiqué du 29 juin annonçait la création d'un Collectif Liberté Égalité Justice (CLEJ) regroupant des associations, des partis politiques et des syndicats. Ce collectif s'est donné pour tâche de s'opposer au projet de loi déposé par M. Estrosi visant à "renforcer la lutte contre les violences de groupes" qui apparaît comme une résurgence aggravée de la tristement fameuse "loi anti-casseurs" dont on sait qu'elle s'est avérée inefficace en matière de lutte contre la délinquance mais très dangereuse pour les libertés publiques. Souhaitons la réussite de cette entreprise à laquelle nous ne manquerons pas d'apporter notre soutien, la plupart des organisations présentes ce soir sont d'ailleurs membres du collectif au niveau national.

 

Il me serait difficile de terminer cette intervention sans évoquer tous ceux qui, dans le monde, combattent pour les libertés publiques, dans des contextes souvent épouvantables. Je pense aux militants des Droits de l'Homme persécutés au Maghreb, en Afrique noire, en Chine, en Birmanie et ailleurs ; je pense tout particulièrement à la répression sauvage qui s'abat aujourd'hui sur les Iraniens qui aspiraient seulement à un peu plus de liberté, à un peu plus de considération de la part d'un pouvoir théocratique des plus obscurantistes.

 

Je vous propose maintenant de respecter un instant de silence à la mémoire du chevalier la Barre et des victimes de l'injustice chez nous et partout dans le monde.

 

 

 



Partager cet article
Repost0
23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 10:27




Page actualisée le 24 juin 2008

APPEL AU RASSEMBLEMENT
EN MÉMOIRE DU CHEVALIER DE LA BARRE


Le 1er juillet 1766, le chevalier de la Barre fut torturé et exécuté en place publique à Abbeville parce qu’il était suspecté d’avoir mutilé un crucifix et qu’il avait refusé de saluer une procession religieuse.

Soyons nombreux pour dénoncer l’obscurantisme qui a mené à cette exécution.

Parce que nous sommes profondément attachés à la tolérance et à l’ouverture aux autres,
Parce que nous sommes convaincus que seule la République peut garantir la liberté pour chacun de croire ou de ne pas croire et empêcher que de tels actes se reproduisent,
Parce que la laïcité de l'État a plus que jamais besoin d’être défendue concrètement en refusant que l’argent public finance des structures à caractère confessionnel, et en refusant que les représentants de l’État affichent leurs convictions religieuses,
Parce que nous pensons que la laïcité est un des remparts contre le repli identitaire et les discriminations,
Parce que nous constatons que la politique sécuritaire du gouvernement français porte de graves atteintes aux libertés publiques alors qu'elle ne résout pas les problèmes auxquels elle est supposée répondre,    
    
Nous, organisations (associatives, syndicales, politiques, citoyennes…) signataires de cet appel, invitons l’ensemble de la population à honorer la mémoire du chevalier de la Barre :

                              Le 1er juillet 2009 à 18h00
                       Monument la Barre (près du canal)




Organisations signataires
:
2 associations, 4 syndicats et 4 partis politiques ont signé cet appel :
Ligue des Droits de l’Homme, Parti Communiste Français, Parti Socialiste, Parti Radical de Gauche, Nouveau Parti Anticapitaliste, les structures locales de la FSU, de l’UNSA, de la CGT, de la CFDT et de la FCPE.

Source de l'image en haut de page : fr.wikipedia.org/wiki/Chevalier_de_La_Barre.


Partager cet article
Repost0
3 juin 2009 3 03 /06 /juin /2009 22:06





Ci-dessous la résolution d'urgence "LAICITE" adoptée lors du Congrès de la LDH (voir "bilan du Congrès 2009" sur ce même site):

La Ligue des droits de l'Homme dénonce le démantèlement progressif du dispositif institutionnel de laïcité au sein d'une République laïque selon sa propre Constitution.

L'accord signé par le ministre des Affaires étrangères et l'Etat du Vatican en janvier 2OO9, mis en ceuvre par le décret du 15 avril, aboutit à reconnaître la validité des grades et diplômes délivrés en France également par les établissements d'enseignement dépendant de la Congrégation pour l'Education catholique.

Ceci contrevient à la loi de 1880 et à la loi Savary de 1984 réservant aux établissements publics le monopole de la collation des grades, dont le premier est le baccalaurêat, et des titres universitaires, alors même que par ailleurs existe la liberté de l'enseignement.

Ceci contrevient aux dispositions de la Constitution donnant à l'Etat le devoir d'organiser l'enseignement public et d'en fixer par la loi les principes fondamentaux dont fait partie la reconnaissance des grades et titres universitaires, qui rend le savoir universitaire et sa reconnaissance indépendant de toute considération religieuse.

Ceci contrevient, par sa procédure de mise en oeuvre - par décret d'application - aux dispositions de la Constitution imposant sa ratification par une loi puisqu'il modifie une disposition de nature législative.

Ceci contrevient à l'article 2 de la loi de 1905 stipulant que l'Etat ne reconnaît aucun culte et ne peut donc attribuer à une autorité religieuse une prérogative de puissance publique.

Ceci contrevient à l'esprit de cette même loi établissant la neutralité de l'Etat envers les différents cultes en réservant de fait à I'un d'entre eux une telle prérogative, ce qui est contraire au principe fondamental de l'égalité entre tous les citoyens quelles que soient leurs convictions.

Ces atteintes volontaires et provocatrices à la laïcité sont des mauvais coups et des régressions irresponsables et.incohérents qui visent uniquement à instrumentaliser les croyances religieuses à des fins de domination politique et sociale, à se créer des clientèles en opposant entre elles les religions très inégales quant à leurs réseaux scolaires et universitaires. De plus elles ne peuvent qu'exaspérer l'opposition entre celles et ceux qui s'y reconnaissent et celles et ceux, nombreux aujourd'hui, pour qui elles ne signifient plus rien, bref à déchirer un peu plus un tissu social déjà fragilisé.

La Ligue des droits de l'Homme s'oppose à ce coup de force et s'associe aux démarches de nature à aboutir à son annulation.

Elle appelle vigoureusement à agir contre le démantèlement systématique de la laïcité.


Partager cet article
Repost0
19 mai 2009 2 19 /05 /mai /2009 21:16


La LDH section d'Amiens a signé à l'unanimité la pétition ci-dessous et vous invite à la suivre :




undefined








A l'attention de : Mr le Président de la République Française

Le Comité 1905 Draguignan Var a depuis le 29 janvier reçu la signature et le soutien
du Grand Orient de France, du Comité Valmy, de l'ADLPF (Association des Libres Penseurs de France), et du Parti de Gauche pour demander l'ANNULATION DE L'ACCORD VATICAN - KOUCHNER .

Aujourd’hui 7 mai 2009, plus de 3500 citoyens et citoyennes ont donné leur signature ; l’écho est considérable et ne fait que s’amplifier.

Depuis hier, 6 mai, s’est constitué au niveau national le « Collectif pour la promotion de la Laïcité » dont l’objectif est de déposer un recours collectif et adapté à la nouvelle situation, créée par la publication du texte de l’accord par décret de la Présidence de la République, ce qui est contraire à l’article 53 de la Constitution. L’accord aurait dû être ratifié par une loi avant d’être publié.

Le recours collectif pour excès de pouvoir qui sera déposé devant le Conseil d’Etat demandera donc l’annulation du décret et de l’accord.

Le Comité 1905 a décidé de participer à ce Collectif constitué de l’UFAL, du GODF, de la GLFF, du DH, du Comité LaÏcité et République,de l’Observatoire international de la Laïcité, CAEDEL, de l’Association Actions Athées Agnostiques, Le Chevalier de La Barre, de l’Observatoire de la Laïcité de Provence et d’Aix…

Cette pétition devient donc la pétition du « Collectif pour la promotion de la Laïcité » :

"Les citoyennes et citoyens de la République françaises soussignés

- constatent que l'accord signé le 18 décembre entre le gouvernement français et le Vatican

. met fin au monopole de l'Etat sur l'attribution des grades universitaires,
. reconnaît la validité des diplômes, aussi bien « canoniques » que « profanes », délivrés par les établissements catholiques d'enseignement supérieur,
. englobe de fait le baccalauréat en tant que premier grade universitaire.

- considèrent cet accord comme totalement anti-laïque

. parce qu'il ne respecte ni l'indépendance de l'Etat par rapport aux religions, ni l'indépendance des religions, en l'occurrence la religion catholique, par rapport à l'Etat
. parce que les diplômes et titres universitaires attribués par les universités françaises n'ont pas à être reconnus par les instances hiérarchiques catholiques de France ou du Vatican !
. parce que l'Etat n'a pas à reconnaître des diplômes attribués par une religion quelconque.

- dénoncent le caractère anti-républicain de cet accord :

. exit la loi de 1880 qui a instauré le monopole de l'Etat sur la collation des grades universitaires
. exit la loi de 1905 et son article premier
. exit l'avis du Conseil d'Etat de 1984 confirmant le principe du monopole.

- rappellent que les instances européennes n'ont en aucune façon le droit de remettre en cause les institutions de la République fondées sur le principe intangible de laïcité.

- demandent en conséquences l'annulation pure et simple de laccord Vatican / Kouchner, et soutiennent le recours déposé dans ce but devant le Conseil d'Etat."

Lien vers le texte : http://comite1905.over-blog.com/

Lien vers le Collectif pour la promotion de la Laïcité : http://promotionlaicite.blogspot.com/



Lien vers le texte : http://comite1905.over-blog.com/




Partager cet article
Repost0
15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 14:52




Communiqué national de la LDH

 

 

Le voyage de Benoît XVI en France amène la Ligue des droits de l’Homme à rappeler quelques principes qui lui paraissent essentiels.

 Si nul n’entend contester à l’Eglise catholique le droit de s’exprimer au sein de l’espace public, ceci n’impliquait pas une telle occupation de cet espace. Au point qu’il apparaît que Benoît XVI bénéficie ainsi de privilèges dont nul chef d’Etat n’a bénéficié, pas plus, d’ailleurs, qu’une organisation laïque ou confessionnelle. Ce sont les citoyens qui pâtissent de cette démesure.


 
A celle-ci s’ajoute que la remise en cause du pacte laïque par le président de la République, exprimée au Latran et à Ryad, et la volonté qu’il a maintes fois manifestée de modifier la loi de 1905 ne peuvent que donner le sentiment que cette visite comprend une dimension politique destinée à remettre en cause le dispositif laïque français.


Rappelant que ce dispositif est le fruit d’un compromis qui permet à chacun de vivre sa foi ou son absence de foi comme de partager des valeurs communes grâce à un pacte civique qui exclut que les confessions débordent sur le champ politique ou imposent leurs normes à d’autres que leurs membres, la LDH est totalement attachée au maintien de ce dispositif. Dans un moment où il faut mettre notre société à l’écart du communautarisme et y rétablir l’égalité des droits, sérieusement malmenée par les conditions sociales et les discriminations, la remise en cause de la laïcité porterait atteinte à la paix civile.

Par ailleurs, la LDH tient à souligner que le principe d’égalité entre les hommes et les fe
mmes est un principe constitutionnel. Visiblement l’Eglise catholique, comme toutes les autres confessions, n’a pas su se réformer sur ce point et continue à vouloir restreindre les libertés des femmes, notamment celle d’avorter. Sur ce point, la LDH réaffirme qu’il n’est pas du pouvoir des églises d’interdire aux femmes le plein exercice de leur liberté de choix.


Plus généralement, les normes de l’Eglise catholique ou d’une autre confession n’ont pas à être imposées à l’ensemble d’une société, au risque d’ailleurs de produire des effets désastreux pour certaines d’entre elles, par exemple lorsque l’usage du préservatif est prohibé.

C’est pourquoi la LDH entend rappeler que le socle laïque que nous avons construit est un bien commun qu’il nous appartient de préserver et de renforcer, parce qu’il est un des éléments essentiels de notre liberté de conscience.



LDH France, Paris, le 11 septembre 2008

Partager cet article
Repost0
2 juillet 2008 3 02 /07 /juillet /2008 13:42




Source de l'image :

fr.wikipedia.org/wiki/Chevalier_de_La_Barre
.

 

RASSEMBLEMENT À LA MÉMOIRE DU CHEVALIER LA BARRE

 

1er JUILLET 2008

 

 

 

Comme le faisait remarquer la presse ce matin, les hommages au Chevalier la Barre se multiplient à Abbeville et le temps d'une commémoration unitaire n'est pas encore venu. Nous le déplorons, et nous rappelons que personne n’a le monopole de la défense des valeurs républicaines et laïques, ni de la mémoire du Chevalier la Barre.

 

Je remercie les organismes qui appellent à la manifestation de ce soir * pour la confiance qu'ils ont à nouveau accordée à la Ligue des Droits de l'Homme en lui confiant le soin de porter la parole commune.

 

L'anniversaire de l'exécution, le 1er juillet 1766, de Jean-François Lefebvre de la Barre est chaque année pour nous l'occasion de rappeler publiquement notre attachement au principe de laïcité, seul capable à nos yeux d'assurer la liberté de conscience pour tous.

 

Le Chevalier la Barre fut victime de l'intolérance religieuse et sociale d'une France dont la monarchie, fondée sur l'alliance avec l'Église catholique, vacillait déjà sous l'effet du développement d'une pensée libre, celle des "lumières" : c'est ainsi que Voltaire a pris la défense de la Barre et que son Dictionnaire philosophique  a été brûlé en même temps que la dépouille du Chevalier. L'affrontement entre une attitude dogmatique rigoriste et une volonté d'expression libre se reproduit hélas quotidiennement dans le monde. Ses conséquences sont bien souvent aussi tragiques que dans l'affaire la Barre.

 

Louise Arbour vient de quitter ses fonctions de haut-commissaire aux Droits de l'Homme à l'ONU. Quelques jours avant son départ, elle constatait dans un entretien publié dans le journal Le Monde que les démocrates "tolèrent une érosion" en matière de Droits de l'Homme. Elle faisait état de difficultés liées à l'essor des religions et de propos souvent entendus : "ce sont peut-être des droits universels, mais ils sont séculaires, ils entrent en conflit avec les traditions religieuses, il faut donc les ajuster".

 

Nous allons célébrer cette année le soixantième anniversaire de la DUDH et il nous importe de rappeler quelques principes fondamentaux.

 

La laïcité n'est pas une religion, elle n'est pas une croyance, elle ne cherche pas à imposer un dogme qui se substituerait à tous les autres. Elle est la recherche permanente des conditions dans lesquelles peuvent vivre ensemble pacifiquement des populations et des individus aux racines et aux convictions diverses.

 

Par ailleurs, les valeurs démocratiques ne sauraient être un nouveau prétexte au développement de l'impérialisme occidental. Ceux qui prétendent les imposer par les armes se trompent et nuisent gravement à ce qu'ils prétendent promouvoir. Ceux qui récusent ces valeurs au nom d'un relativisme culturel ou religieux se trompent également, ils refusent de les considérer pour ce qu'elles sont : à savoir une volonté de dépasser les particularismes. Je cite à nouveau Louise Arbour : "Suggérer qu'il y a un grand conflit entre liberté d'expression et liberté de religion est un faux débat. La question est  : " Quelles sont les limites raisonnables à la liberté d'expression dans une société libre et démocratique ?" ". Accepter des "limites raisonnables", respecter des règles qui s'appuient sur la raison et auxquelles on peut pour cela adhérer librement, voilà, nous en sommes persuadés, la clef du bien-être des peuples et des individus.

 

Depuis l'an dernier, en France, les principes de la laïcité ont à nouveau été mis à mal à plusieurs reprises par celui qui devrait en être le gardien. Vous avez compris que je veux parler du Président de la République, chanoine occasionnel, qui exprime des convictions personnelles en les faisant passer pour la voix du pays. Le trop célèbre "discours du Latran" a été abondamment commenté et je ne reviendrai que sur quelques aspects saillants : pour le président, " les racines de la France sont essentiellement chrétiennes" ! Loin de nous l'idée de nier le rôle du christianisme dans notre histoire, mais peut-on oublier les apports de l'antiquité gréco-latine ? Peut-on oublier la volonté de dépassement du religieux qui s'est manifestée depuis le siècle de Lumières ? Une telle affirmation relève pour nous du révisionnisme historique, le Président insiste et aggrave le propos : " Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ". Cette injure faite au dévouement des enseignants républicains a bien entendu suscité l'indignation de tous les défenseurs de la laïcité, y compris celle de nombreux croyants persuadés du bien-fondé de ces valeurs ; le Président de la République n'en continue pas moins à exalter chaque fois qu'il en a l'occasion la supériorité des valeurs religieuses, comme il l'a fait par exemple au cours de l'assemblée générale du CRIF.

 

Mais ne nous laissons pas prendre au piège : les valeurs religieuses constituent un trompe-l'œil pour un pouvoir qui ne reconnaît comme valeurs véritables que les valeurs marchandes ; dans ce contexte, les religions sont instrumentalisées et cantonnées à une vocation d'"opium du peuple", conjointement avec le monde médiatique.

 

L'an dernier, je dénonçais les menaces qui pesaient sur l'indépendance de la presse. Le phénomène s'est encore accentué : on va changer le présentateur du journal de TF1 dont la servilité pourtant bien connue a été prise en défaut ; la suppression brutale de la publicité sur les chaînes publiques, pour séduisante qu'elle soit au premier abord, va menacer l'existence même du service public en le privant de financement ; l'Élysée entend d'ailleurs nommer dorénavant le président de France Télévision comme il entend contrôler la direction de l'Agence France Presse !

 

Je rappelais aussi l'an dernier l'immense espoir que l'apprentissage généralisé de la lecture avait fait naître chez tous les progressistes au XIXe siècle. Ils y voyaient un formidable moyen de favoriser l'émancipation de la pensée humaine. Aujourd'hui, l'école publique, garante de l'égalité et de la laïcité est mise en danger de plusieurs côtés : une gestion purement comptable des élèves et des personnels entraîne une diminution du taux d'encadrement effectif, les services sociaux et la médecine scolaires sont réduits à très peu ; une conception purement utilitaire des études menace ce qui reste de transmission des valeurs humanistes ; la remise en question de la carte scolaire va à l'encontre de toute idée de brassage social et tendra immanquablement à systématiser la hiérarchisation des établissements.

 

Depuis quelques décennies, nous avions pris l'habitude de regarder la mixité des écoles et de la vie publique en général comme un acquis précieux car elle nous semblait ouvrir la voie à une égalité effective entre les genres ; nous observions avec désapprobation la remise en question de ce principe au nom de traditions religieuses lorsqu'il s'agissait de pratiques sportives, mais dernièrement, c'est l'assemblée nationale qui vient d'autoriser "l'organisation d'enseignements par regroupement des élèves en fonction de leur sexe", sans préciser dans quels cas, dans une loi portant sur la lutte contre les discriminations. Si ce texte ne remet pas frontalement en cause le principe de la mixité scolaire, il en autorise pour le moins le contournement.

 

Face à l'ensemble de ces régressions, il importe que les esprits libres se fassent entendre par tous les moyens, il importe que nous puissions préserver notre sens critique, avec l'espoir que notre combat pour la liberté de conscience et la liberté d'expression connaîtra des succès dans un avenir aussi proche que possible.

 

Nous allons maintenant respecter un instant de silence à la mémoire du chevalier la Barre et de toutes les victimes de l'obscurantisme.

 

 

Discours prononcé par Gilles LARIVIERE, Président de la section LDH d’Abbeville



* La Ligue des Droits de l’Homme, le Cercle Pierre Mendès France, le Parti Communiste Français, le Parti Socialiste, le Parti Radical de Gauche, le Mouvement Républicain et Citoyen, la Ligue Communiste Révolutionnaire, les structures locales de la FSU, de l’UNSA, de la CGT et de la CFDT.

Partager cet article
Repost0