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6 juillet 2016 3 06 /07 /juillet /2016 13:59
Rassemblement en mémoire du Chavalier de La Barre du 1er juillet 2016

Il y a aujourd’hui exactement 250 ans que Jean-François Lefebvre de la Barre a été torturé et exécuté à Abbeville. La section d’Abbeville de la LdH a organisé à l’occasion de cet anniversaire en novembre dernier un colloque intitulé « religions et liberté d’expression » et sous-titré « histoire et actualité de l’affaire La Barre ».

Nous y avons rappelé que le Chevalier la Barre fut victime de l'intolérance religieuse et sociale d'une France dont la monarchie, fondée sur l'alliance avec l'Église catholique, vacillait déjà sous l'effet du développement d'une pensée libre, celle des "lumières" dont nous nous voulons les héritiers.

L'anniversaire de cette exécution, le 1er juillet 1766, est chaque année pour nous l'occasion de redire publiquement notre attachement au principe de laïcité, à la liberté de penser, à la liberté d'expression et de création et notre opposition à tous les fanatismes.

La question de la laïcité fait aujourd’hui débat et suscite de nombreuses polémiques dans lesquelles il est parfois difficile de trouver des repères.

Il faut rappeler que la loi de 1905, dite de séparation des églises et de l’État, était avant tout une loi d’apaisement dans une France où l’Église catholique occupait une position hégémonique et prétendait imposer à la société des valeurs qui s’opposaient aux aspirations républicaines. Cette loi exprimait le choix fait par la République d’assurer la liberté de conscience, c'est-à-dire la liberté de pratiquer ou non une religion et d’exprimer toutes les convictions, y compris l’athéisme, y compris celles des minorités, avec pour seule limite la mise en cause de l’ordre publique et l’incitation au mépris et à la haine.

Bon an mal an, cette recherche d’apaisement a porté ses fruits et assuré une certaine paix sociale malgré la persistance de quelques contentieux, en particulier sur la question de l’enseignement et malgré la persistance d’un régime de concordat en Alsace-Lorraine.

À la fin du siècle dernier, une situation nouvelle est apparue en France en raison de plusieurs facteurs. D’une part, une population musulmane issue de l’immigration a souhaité avoir droit de cité et pouvoir pratiquer sa religion au grand jour, d’autre part des phénomènes de radicalisation se sont manifestés à la fois dans le monde occidental avec la montée de l’extrême droite et dans le monde musulman avec le développement du fondamentalisme et de l’Islam politique.

La question laïque est redevenue une source importante de débats et, il faut bien le dire, une source de clivages.

L’extrême droite elle-même, récemment convertie, veut se situer en première ligne dans la défense de la laïcité, mais on observe que c’est pour mieux stigmatiser les français musulmans, c’est pour mieux les exclure de la communauté nationale. On remarque qu’il n’est plus question de laïcité pour les défenseurs d’une identité nationale supposée éternelle lorsqu’il s’agit de mettre en avant les racines chrétiennes de la France ou de l’Europe !

Au sein même des mouvements de défense des droits de l’Homme et chez des républicains sincères, les débats contradictoires se prolongent depuis plus de vingt ans maintenant sur la question du port du voile islamique ou sur la question du respect des interdits alimentaires dans les cantines par exemple. À chaque campagne électorale, en particulier lors des élections municipales, on assiste à des polémiques concernant la prise en compte de prescriptions ou proscriptions religieuses dans l’espace public.

Les uns mettent en avant l’unité républicaine qui imposerait une certaine uniformité des comportements, les autres insistent sur la nécessité d’apaiser les relations et le refus de l’exclusion.

Les uns prônent une neutralité des espaces publics, les autres pensent que la diversité ne nuit pas forcément à la cohésion sociale.

La LdH veut avant tout éviter les mesures qui contribuent à exclure une partie de la population en raison de ses croyances ou de ses traditions, mais elle pointe en même temps les risques du communautarisme ; encore faut-il s’entendre sur le sens de ce mot.

Il semble tout à fait normal que des hommes se regroupent en raison de leur croyance, de l’origine de leurs ancêtres, de modes de vie ou de préoccupations communes et forment une « communauté ». On ne peut parler de communautarisme ou de dérive communautaire que lorsque cette communauté met en avant des valeurs ou prône des comportements incompatibles avec les valeurs universelles que nous défendons. Ainsi, nous réaffirmons notre attachement au premier article de la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui dit : « tous les Hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » en rappelant, s’il est utile, qu’en français, en 1789 comme aujourd’hui, le mot « Homme » désigne tous les êtres humains, quel que soit leur sexe. Nous pensons ainsi que l’adhésion à une « communauté », à un système de pensée ou à une religion doit être libre, que nul, une fois adulte, ne peut être contraint, en raison de sa naissance, à se plier aux injonctions d’un groupe.

Il faut rappeler à ce propos que l’un des fondements du racisme contre lequel nous luttons, c’est l’essentialisation, c'est-à-dire la conviction qu’un individu ou un groupe sont totalement déterminés par leur naissance et donc par exemple incapables de s’intégrer à la société française en raison de leur origine ethnique.

La particularité d’un état laïc, c’est précisément de permettre à chaque individu d’exercer sa liberté en faisant des choix éclairés. Alors, ne nous trompons pas : la laïcité n’est pas une religion (comme certains voudraient le faire croire), la laïcité n’est pas un sectarisme, la laïcité n’a pas un dogme figé, avec quelques règles simples qu’il suffirait d’appliquer mécaniquement, la laïcité suppose une recherche permanente de principes et de règles de vie collectives destinés à assurer la liberté de conscience et d'expression de chacun dans un monde en évolution.

Des exemples de menaces sur la liberté d’expression se multiplient en France depuis quelques années, ces menaces émanent le plus souvent de groupes fondamentalistes relayés par l’extrême droite. Je me contenterai aujourd’hui de lire des extraits du communiqué publié par le comité régional de la LdH Picardie le 18 juin dernier.

(communiqué à lire sur la page : http://ldh-picardie.blogspot.fr/)

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